Gagnant·e·s et perdant·e·s dans la crise du coronavirus

Retour au sommaire

Aperçus Entreprise
Bauern_suchen_Kunden_Blog_teaser_blank

La crise du coronavirus nous touche de plein fouet. Chez gebana, nous en ressentons différemment les effets : augmentation du télétravail, chiffre d’affaires élevés dans la vente directe et, pour des raisons de sécurité, moins de personnes travaillant dans la transformation des produits dans le Sud global. Au jour le jour, nous nous adaptons pour tirer le meilleur de cette situation.

Ces derniers jours, nous avons entendu parler de boutiques en ligne mal préparées à une clientèle voulant se constituer des provisions, et d’agriculteur·ice·s peinant à suivre les livraisons. Malgré le stress, beaucoup d’actrices et d’acteurs du marché y voient une bénédiction. Ce sont les gagnants de la crise, qui a également touché et transformé le secteur alimentaire.

Mais cette crise a aussi ses perdants : en premier lieu, les restaurants et les marchés, ainsi que l’agriculture familiale qui écoulait en temps normal ses produits via ces canaux de distribution. Que faire des denrées alimentaires périssables ? Qu’en est-il des futurs cabris de Pâques, que plus personne ne voudra manger ensuite ? Des plants de tomates ProSpecieRara, presque exclusivement vendus dans les marchés ?

Les perdant·e·s de la crise ont besoin de soutien

À peine installé·e·s en télétravail, nous avons reçu les premières demandes de familles de productrices et producteurs qui nous posaient précisément ces questions. Spontanément, en équipe, nous avons décidé de les aider. Peu de temps après, notre initiative "Agriculteurs cherchent clients" est née.

L’idée est simple. Les familles d’agricultrices et d’agriculteurs qui ne vendent pas assez s’adressent à nous. Nous intégrons leurs produits à notre assortiment, en faisons la promotion et les vendons avec une petite marge, avant d’en établir la facture.

Nous conseillons les familles d’agriculteur·ice·s sur l’emballage et l’expédition et coordonnons les dates de livraison. Ensuite, les familles expédient leurs produits directement de leurs exploitations à la clientèle. Ainsi, nous ne surchargeons pas davantage notre entrepôt et maintenons les coûts au plus bas. Qui plus est, le montant que reçoit l’agricultrice ou l’agriculteur est plus élevé et il n’y a pas de contacts humains inutiles (étrange de l’écrire ainsi).

Après deux jours à peine, nous avons lancé le projet et engagé une équipe supplémentaire pour soutenir les familles, enregistrer leurs produits et les mettre en ligne. C’est une réelle fierté de constater la rapidité avec laquelle nous avons mis ce projet en place et nous recevons déjà les premiers remerciements de la part des producteur·ice·s, ainsi que de la clientèle.

Pourquoi tant de viande et d’alcool ?

Au début de notre action, nous avons été surpris de constater que ce sont surtout des producteur·ice·s de viande et d’alcool qui nous ont demandé de l’aide. C’est pourtant logique : le vin, les spiritueux et la viande, tout comme diverses spécialités, sont des produits qui se retrouvent sur les tables des restaurants et les étals des marchés.

Entre-temps, il s’avère que même certains agriculteur·ice·s spécialisé·e·s dans la vente de plants sont touchés. Pour ces derniers, il faut toutefois davantage de soutien et de conseils concernant l’expédition. En effet, un plant de tomate est plus fragile qu’une bouteille de vin ! Dans ce contexte, il nous faut souligner l’expérience que nous avons accumulée depuis deux ans avec l’abonnement au “Marché paysan mondial”, par le biais duquel nous expédions non seulement légumes et fruits suisses, mais aussi des produits frais en provenance du Sud global, ainsi que des œufs.

Comment les choses vont-elles évoluer ?

Personne ne sait combien de temps durera la crise, combien de temps les marchés et les restaurants resteront fermés. Nous essayons d’allier la Suisse à notre revendication du “Marché paysan mondial” et ainsi de contribuer à soutenir les perdant·e·s de la crise du coronavirus, pour garantir l’approvisionnement de notre clientèle en produits de première qualité – également en provenance de Suisse.

En parallèle, avec la campagne “agriculteurs cherchent cleints”, nous testons également un modèle commercial d’avenir. Peut-être pourrions-nous continuer à nous engager en Suisse de cette manière, en constituant le lien le plus direct possible entre les familles d’agricultrices et d’agriculteurs et leur clientèle. Au final, ce sont ces familles et notre clientèle qui en décideront.