L'emballage plastique est-il un crime environnemental ?

Retour au sommaire

Écologie

Que ce soit à l'extérieur au parc, après le déjeuner dans l'espace de coworking ou après les courses, les emballages sont non seulement omniprésents, mais surtout visibles. Il est aisé de les considérer comme un indicateur de l'utilisation excessive de nos ressources : de fait, ils constituent souvent le terreau idéal pour que nous nous surpassions dans la lutte contre le plastique, sur les réseaux sociaux notamment. Mais est-il possible que ceci nous fasse perdre de vue l’ensemble de la situation actuelle ?

Tribune de Martina Wyrsch, Tiefgrün GmbH - Bien gérer la durabilité - contribuer à façonner l'avenir

Les emballages font souvent l’objet de la critique, en raison de leurs effets négatifs sur l'environnement. Toutefois, il peut être nécessaire de prendre du recul et considérer notre empreinte carbone dans son ensemble pour qu’une image plus différenciée se dessine : il s’avère qu’un tiers de notre impact environnemental est causé par l'alimentation*.

La part la plus importante des émissions liées à l’alimentation est due à la consommation de produits d’origine animale (43 %). En comparaison, l'emballage ne joue en fait qu’un rôle secondaire. Sa part dans le bilan écologique ne représente que 1 pourcent du total. Il en va de même pour le transport de produits, lequel ne pèse pas lourd non plus dans la balance – à l’exception du transport aérien.

Viande et poisson (26%), Lait et œufs (17%), Boissons (18%), Graisses et autre (13%), Céréales (8%), Fruits (6%), Légumes (3%), Emballage (1%), Transformation (4%), Transport (4%).

Répartition de l'impact environnemental de l’alimentation en Suisse, source : Factsheet Umweltgerecht essen, WWF, 2016 ; graphique : Tiefgrün. Viande et poisson (26%), Lait et œufs (17%), Boissons (18%), Graisses et autre (13%), Céréales (8%), Fruits (6%), Légumes (3%), Emballage (1%), Transformation (4%), Transport (4%).

Il serait donc beaucoup plus judicieux de repenser les aliments qui se trouvent dans notre assiette, qu’il soit question de leur quantité ou de leur production.

Néanmoins, aborder le thème de l'emballage reste important, car nous restons confrontés à ce problème quotidiennement. En outre, il est souvent difficile pour nous, consommatrices et consommateurs, de faire les bons choix quand nous faisons nos achats. Il faut donc y regarder de plus près.

Quel est le meilleur emballage ?

Le fait est que tout type d'emballage a un impact sur l'environnement, car il doit être produit et éliminé.

On entend souvent dire que l'absence d'emballage est la meilleure option. Malheureusement, nous oublions bien souvent que la fonction principale de l'emballage est de protéger son contenu. Par exemple, la durée de conservation d'un produit alimentaire est prolongée à l'aide d'un emballage approprié, permettant ainsi d’éviter le gaspillage alimentaire. Il représente donc un facteur décisif dans l’impact environnemental d’un produit. Cela concerne également les emballages en plastique !

Ce matériel synthétique est fort pratique, mais existe-t-il des emballages plus respectueux de l'environnement ? Malheureusement, il n'est pas si facile de répondre à cette question. L'étude "Life Cycle Assessment of Beverage Packaging "** fournit quelques pistes. Elle indique que les emballages légers ou réutilisables sont généralement préférables aux emballages lourds et à usage unique. Les cartons à boissons et les récipients en PE (par exemple les bouteilles de lait) obtiennent donc des résultats relativement bons. Cependant, les bouteilles en verre réutilisables affichent également un score positif. Les bouteilles en verre jetables arrivent en queue de peloton, en raison de leur poids et du processus de recyclage à forte intensité énergétique, nécessaire à leur élimination. En ce qui concerne les bioplastiques, ils ne constituent une véritable alternative que s'ils sont fabriqués à partir de résidus et de sous-produits agricoles. Sinon, le bilan écologique n'est pas meilleur que celui des plastiques conventionnels***.

Et qu'en est-il des microplastiques ?

Les emballages plastiques ont mauvaise réputation car ils sont souvent accusés d'être à l'origine de la création de microplastiques. Mais là aussi, il faut approfondir la question plus en détail. Une étude de l'Institut Fraunhofer a examiné l'origine des microplastiques****. Conclusion : c’est l'abrasion des pneus de voiture qui produit la majorité d’entre eux ! Mais il est bien plus gênant de devoir renoncer à conduire que de cibler les emballages en plastique.

Qu'est-ce que cela signifie pour moi, en tant que cliente ou client de gebana ?

L'emballage doit clairement assurer la protection du contenu tout en ayant un impact environnemental négatif aussi minime que possible. Pour garantir la fraîcheur et la durée de conservation des noix et des mangues, ainsi que pour éviter le gaspillage alimentaire, il s’avère raisonnable de protéger nos produits dans du plastique. D'ailleurs, les emballages en plastique de gebana ne représentent qu'environ 2 pour-cent du poids total des emballages. On peut donc estimer que l'impact environnemental qui leur est associé est globalement faible.

Ce que nous pouvons faire

Nous ne pouvons le nier : notre consommation laisse des traces. Toutefois, nous pouvons façonner ces traces, en consommant moins, de façon plus consciente et en ne gaspillant rien. Suivre un régime végétalien n’est pas une obligation – cela ferait déjà une différence considérable si nous mangions moitié moins de viande. Les aliments issus de l’agriculture biologique sont également un bon choix car leur production a un impact environnemental moindre que les filières conventionnelles. L'"empreinte sociale" des produits – l’impact de notre consommation sur les travailleuses et travailleurs ainsi que sur les communautés vivant dans les pays de production – est tout aussi importante. En définitive, il s'agit de prendre conscience de la situation dans son ensemble et de ne pas se perdre dans les détails uniquement.

En parallèle, nous devons user de notre influence en tant que consommatrices et consommateurs pour plaider en faveur d'une alimentation saine, respectueuse de l'environnement et socialement juste. Et c'est précisément pour cette raison que je m'offre chaque année en janvier 13 kilos d'oranges en provenance de Grèce, que je ne partage d'ailleurs pas avec mes voisins. Ayant quatre bouches à nourrir, nous en venons aisément à bout en famille. Mais ces oranges ne sont disponibles qu'à une certaine période de l'année. L'emballage en carton a pu remplir quelques fonctions supplémentaires au cours de son existence : d'abord comme contenant pour transporter des marchandises du marché aux puces, puis comme matériel pour les pancartes de la grève du climat.

Logo Tiefgrün

* Viande et produits laitiers, WWF Schweiz. Online: https://www.wwf.ch/fr/nos-objectifs/viande-et-produits-laitiers

**Ökobilanz Getränkeverpackungen, Carbotech, 2014. Online: https://carbotech.ch/cms/wp-content/uploads/Carbotech-LCA-Getraenkeverpackung-2014.pdf

***«Mehr Bioplastik führt nicht zwingend zu mehr Klimaschutz», Pressemitteilung Universität Bonn, 2018. Online: https://www.uni-bonn.de/neues/329-2018

****Kunststoffe in der Umwelt: Mikro- und Makroplastik, Fraunhofer-Institut für Umwelt-, Sicherheits und Energietechnik, 2018. Online: https://www.umsicht.fraunhofer.de/content/dam/umsicht/de/ dokumente/publikationen/2018/kunststoffe-id-umwelt-konsortialstudie-mikroplastik.pdf